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Exquise sensualité
23 novembre 2007

Souffle de nuit

"L'eau sucrée faisait briller son corps sous le rayon voyeur que lançait le soleil à travers les feuilles ..."

Encore une nuit entrecoupée de réveils soudains dus à ce rêve étrange ... étrange et pénétrant. Pas un cauchemar, non, mais un rêve si intense qu'il semblait réel et suivait Julie jusque dans ses journées, comme la lame d'un couteau qui s'enfonçait dans sa chaire sans qu'elle ne s'y attende. Un rêve qu'elle redoutait de par sa violence mais qu'elle attendait impatiemment malgré tout, elle attendait cet instant où il l'envelopperait de cette brume palpable, une brume chaude et humide, comme un océan dans un pays chaud qui l'enlacerait tendrement. Elle était totalement obsédée par ce rêve et il avait fini par prendre la place la plus importante dans la vie de cette jeune fille de 22 ans qui, jusque là avait toujours eu une existence des plus normales.

Encore ce soir, Julie se coucha avec une légère appréhension comme on en ressent quand on va à un rendez-vous dont on attend beaucoup. Elle savait très bien qu'il viendrait comme il le faisait chaque soir depuis près de deux moi mais, malgré tout, le doute restait entier et cette incertitude ajoutait encore un peu d'anxiété et de chaleur dans le ventre de Julie. Elle ne portait rien. Elle avait pris l'habitude de dormir nue depuis ce rêve, comme pour accentuer son abandon à celui qu'elle avait nommé son "souffle de nuit". Sa poitrine n'était pas insensible au contact de la couverture et elle se durcissait, lançant vers le ciel ses bras accueillants. Elle aimait cette attente, cette tendre descente vers le sommeil, ce combat entre son envie d'être éveillée pour mieux profiter de l'instant et cette inévitable certitude que rien ne se passera si elle ne dort pas.

L'air était chargé d'une électricité particulière ce soir-là, on entendait l'orage gronder au loin. Août était déjà bien entamé et les estivants étaient sur les plages depuis bien longtemps; seule Julie ne pensait pas aux vacances, elle avait même été jusqu'à refuser la proposition que lui avait faite ses amis d'aller passer 2 semaines dans le chalet des parents de David ... et pourtant elle aimait David, du moins l'avait elle aimé car, aujourd'hui, plus rien n'avait d'importance, plus rien sauf son souffle de nuit.

Au moment même où elle commençait à quitter sa chambre pour rejoindre les volutes suaves de son rêve tant attendu, un souffle de vent vint lui caresser le visage et la ramena cruellement à sa vérité. Elle fut surprise par cette sensation sur sa peau et crut un instant que c'était son souffle de nuit qui venait sur elle; elle avait d'ailleurs, comme par réflexe, cambré un peu son dos, avançant ses reins vers le haut. Mais ce n'était que le vent, le souffle d'un vent d'Août au bord de la mer, le souffle d'un vent qui appartenait à une vie devenue trop fade pour elle car c'était une vie sans lui, une vie où elle-même n'était pas totalement ce qu'elle voulait être.

Elle se concentra un peu plus et força son esprit à imaginer un décor, un endroit pour accueillir les songes ... son songe.

La forêt était tachetée de milles couleurs que l'automne avait pris soin de disposer harmonieusement. Les arbres offraient de petits passages au soleil, tellement petits que les rayons passaient en une sorte de voile diaphane. La nature offrait des sons légers que Julie avait toujours aimés, le chant des oiseaux, les clochettes légères d'un ruisseau au loin, la caresse tendre du vent sur les buissons. Elle se sentait bien, sereine ... prête.

Soudain, tous les bruits se turent en même temps. Julie redressa la tête de l'herbe sur laquelle elle avait fini par s'allonger. Et puis elle comprit ... elle sentit que c'était lui ... elle sentit aussi qu'il fallait qu'elle ferme les yeux comme pour mieux s'abandonner à celui qui arrivait, silencieusement, lentement ... Etait-elle habillée ? Elle ne s'en souvenait plus, il lui sembla que non mais n'en était pourtant pas certaine. Elle se concentra pour essayer de sentir si sa peau était en contact avec du tissus mais n'y parvint pas. De toute façon les vêtements qu'elle pourrait porter n'étaient pas l'objet de sa concentration; en fait, elle essayait juste de détourner son attention afin d'être sûre qu'il la prendrait par surprise.

Un souffle chaud lui caressa les lèvres et y déposa une goutte de rosée qu'elle alla cueillir d'un mouvement de langue au ralenti. Elle le sentait au-dessus d'elle, elle le savait là en position de faire d'elle ce qu'il voulait. Elle était à présent sûre d'être totalement nue. La goutte de rosée avait un étrange goût sucré alors qu'elle s'était attendue à sentir le sel dans sa bouche ... Elle senti soudain un fin filet d'eau couler sur elle. Un petit ruisseau qui la fit frissonner à son passage, commençant sur son sein gauche et descendant jusqu'à son ventre d'où il disparaissait en coulant sur la droite. Elle regretta un instant de ne pas avoir un ventre plus bombé afin de conduire ce cours d'eau un peu plus bas. La fontaine semblait ne pas vouloir se tarir, bien au contraire, son débit allait en s'intensifiant, recouvrant de plus en plus sa peau. L'eau sucrée faisait briller son corps sous le rayon voyeur que lançait le soleil à travers les feuilles.

Quand le doux murmure de l'eau cessa, il fut aussitôt remplacer par un autre son, un son plus feutré, plus saccadé. un son qui se rapprochait d'elle. Elle ne reconnut pas tout de suite ce qui était un véritable essaim de papillons. Ils se mirent à tournoyer gaiement autours de Julie qui n'en ouvrit pourtant pas les yeux, faisant entièrement confiance à celui dont elle n'avait jamais vu le visage. Un, deux, dix, puis cent papillons se posèrent sur son corps humide et il se mirent à boire l'eau qui la recouvrait presque entièrement. Elle sentait les pattes des petits insectes aller et venir sur sa peau en une caresse imprévisible et délicate. La sensation était merveilleuse, c'était comme si elle était soudain sous les mains de dizaines d'amants facétieux. Elle ouvrit un peu sa bouche et des lèvres vinrent la recouvrir aussi tôt. Le baiser que lui faisait son souffle de nuit était doux, plein de miel et donnait l'impression de faire une confidence osée à sa bouche. Elle tendit la langue à la recherche de celle qui l'obsédait tant et la trouva sans mal. Leur baiser était passionné et complétait parfaitement la sensualité de cette caresse faite par tous les papillons.

Elle sentit un papillon descendre au-delà de la partie mouillée de son corps. Les petites pattes semblèrent peiner un peu en passant à travers les poils pourtant courts de sa toison brune et, pourtant, le papillon ne s'envola pas pour avoir plus facile, il semblait vouloir à tout prix passer sur ses pattes, comme si il avait pris conscience de la caresse qu'il offrait ainsi au corps en feu de Julie. Quand sa première patte atteignit le sexe de Julie, ça lui fit l'impression d'un électrochoc, aussi petite soit elle, la patte de l'insecte lui procura une sensation forte et délicieuse à la fois. C'est à ce contact électrique qu'elle comprit ce qui attirait ainsi le papillon vers cet endroit, elle était tellement excitée que son sexe était non seulement très sensible mais également très humide. D'autres papillons vinrent, toujours en marchant, vers cette nouvelle source pour y boire à nouveau. La caresse était délicate et intense. Son esprit, submergé par tant d'origines de plaisir, n'arrivait pas à se fixer sur un endroit précis et elle finit par perdre totalement le contrôle de la situation. Son corps se dandinait langoureusement sur l'herbe qui lui caressait ainsi les fesses, les cuisses et le dos. Elle gémissait tendrement comme pour accompagner le battement léger des ailes de ces papillons qui volaient encore au-dessus d'elle, prêts à se poser sur la moindre parcelle de peau qui se dévoilerait. Elle était totalement recouverte par ces insectes, elle se demanda un instant si lui était encore là mais une nouvelle salve électrique de plaisir lui fit perdre à nouveau le contact avec son état conscient.

Son corps transpirait sous l'assaut des caresses légères dont elle était envahie et chaque goutte de sueur devenait aussi tôt l'objet de convoitise d'un autre papillon, il semblait y en avoir une infinité. Son corps entier était à présent recouvert et les centaines de pattes disparaissaient de plus en plus pour laisser la place à une sensation envoûtante, l'impression que sa peau elle-même était devenue une caresse. Une concentration plus dense d'insectes lui recouvrait le sexe, sans doute parce que l'humidité y était là beaucoup plus abondante. Elle se demanda soudain si le liquide qui émanait de son sexe était lui aussi sucré. Cette idée l'obsédait, il fallait qu'elle sache, il fallait qu'elle vérifie. Sa main se souleva lentement et commença à se diriger vers son sexe, prenant soin de ne blesser aucun papillon sur son passage. Elle déposa un doigt sur ses lèvres intimes et fut presque surprise par l'importante humidité dont elles étaient enduites. Elle porta ensuite son doigt jusqu'à sa bouche ... lentement ... tendant sa langue à la rencontre de son doigt ...

Le goût salé, chaud et étrangement épicé qui lui envahit alors la bouche la surprit au point de lui faire ouvrir les yeux en se redressant subitement. La chambre était toujours envahie d'une chaleur palpable et l'orage grondait encore mais plus loin. Elle était en sueur, assise sur son lit, le souffle court et un doigt en bouche ... un doigt humide ...


Papillon

eXquise esKiss

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Commentaires
E
Dame Murasaki ==> Merci beaucoup :-) C'est très important pour moi d'avoir des commentaires sur ce texte ... Au fait, bienvenue sur ce blog :-)<br /> <br /> eXquise esKiss
D
Très beau texte !
E
Libertin_123 ==> Merci beaucoup :-) C'est très agréable de savoir que les mots qu'on a écrit on pu devenir voyage pour le lecteur ... <br /> <br /> eXquise esKiss
L
Ta pensée est délicate.<br /> Ton texte également.<br /> On se laisse mener avec plaisir dans les méandres de ce rêve sensuel.
E
Kinky ==> Merci beaucoup ... c'est très important pour moi de savoir ce que les lecteurs pensent de ce texte :-)<br /> <br /> eXquise esKiss
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